Historique
La toute première école Sainte Marie, école des filles,
fut fondée en 1884 Monsieur l'abbé Aubry, recteur, note son désir de faire construire une école privée : "Depuis mon arrivée en 1878 à Chartres, une œuvre me préoccupait : l'instruction des jeunes filles.
" Après dix mois de pourparlers avec la famille de Janzé, "je reçus la bonne nouvelle : ma demande était exaucée".
La construction de la maison d'école commença fin 1883 et les classes ouvrirent en septembre 1884.
Les religieuses de la communauté de Rillé, de Fougères, ont eu dès l'ouverture 115 enfants dans leur établissement appelé école Sainte-Marie, située sur la route départementale reliant la route nationale Rennes-Nantes à la commune de Châtillon -sur-Seiche. Madame de Janzé leur fournit gratuitement : une maison et un jardin et un mobilier suffisant pour les religieuses et pour les classes.
Sœur Marie Eléonore (Marie Helleux) fut la première institutrice et directrice de la nouvelle école. Elle y restera 18 ans.
Une école des garçons en 1893
La paroisse de Chartres ne possédait pas d'école libre de garçons. Le recteur Marquis acheta un terrain pour la somme de 1500 F et, quelques mois plus tard, Monsieur et Madame de Janzé faisaient construire entièrement à leurs frais une magnifique maison d'école. Ce fut l'école Saint-Paul (actuellement école Sainte-Marie, rue Mme de Janzé).
Celle-ci était composée au rez-de-chaussée de deux vastes classes, d'un petit salon et d'une cuisine; au premier étage, d'un grenier, d'un salon et de quatre chambres au-dessus des classes. Cette construction, commencée en mai 1893, fut terminée fin septembre de la même année. Le frère Emilion, de l'Institut de Ploërmel, fut désigné pour prendre la direction de cette école, dont la bénédiction eut lieu le 5 novembre 1893 en présence de nombreux paroissiens. 55 garçons fréquentèrent cette nouvelle école.
Les noms de Sainte-Marie et de Saint-Paul avaient été donnés aux deux écoles en l'honneur de Monsieur et Madame de Janzé, grands bienfaiteurs, puisque les enfants ne paieront ni fournitures, ni chauffage et recevront à la fin de l'année scolaire de magnifiques récompenses.
La période difficile de la sécularisation*
La politique anticléricale du gouvernement s'attaque aux institutions chrétiennes.
Le dimanche 13 juillet 1902, les sœurs reçoivent l'ordre de quitter l'école. Le lundi, les supérieures vont à la préfecture. Quarante sœurs attendent dans la prière et l'angoisse ce qui sera décidé. Tel est l'ordre : "Faites chacune un petit paquet de 3 chemises, 3 tabliers et quelques mouchoirs et rentrez toutes samedi.
" Mr Marquis, alors recteur de Chartres, ne voulut pas laisser partir ses religieuses. "Vous ne partirez pas, il y aura bataille s'il le faut, mais on ne cèdera pas." Les religieuses de Chartres ne rentrèrent donc pas le jour indiqué.
Les supérieures de Fougères se déplacèrent : 30 à 40 personnes attendaient devant la porte de l'école. Elles ne purent pénétrer, tout était fermé à clé…
Mais dès le 21 juillet, les quatre religieuses quittèrent Ste Marie avec l'espoir de revenir bientôt comme hospitalières. Monsieur Marquis, le recteur, et Madame de Janzé résolurent de transformer la maison d'école en hospice.
Dès début septembre, deux sœurs revenaient, bien décidées, en soignant les deux ou trois infirmes confiés à leur garde, à s'occuper de leurs anciennes élèves le dimanche, à faire le catéchisme aux ignorantes en dehors des heures de classes, et à diriger comme dans le passé le chant et la récitation des prières durant les offices.
Mais, l'exemple des autres paroisses qui reconstituaient les écoles fermées, avec des personnes de bonne volonté, munies de leur brevet ou avec des religieuses sécularisées, fut considéré par les prêtres, comme bienfaiteur et religieux, l'œuvre de l'éducation chrétienne des jeunes filles étant pour la paroisse importante. Cependant, la communauté mère se refusant à séculariser ses membres sur place, ces deux sœurs durent s'éloigner de Chartres.
Vers la fin de septembre, Melle Delamarche fut appelée par le comité des écoles libres de Rennes pour rouvrir et prendre la direction de l'école des filles Ste Marie. Madame de Janzé en resta la bienfaitrice et continua, malgré ses 80 ans, de s'y intéresser vivement.
En 1903, les frères de l'école des garçons durent aussi se soumettre à la sécularisation. Ils furent expulsés de l'école St Paul et firent la classe dans deux maisons du bourg.
* sécularisation : laïcisation des biens de l'Eglise